De Marie, la solitude demeure



Le pelage est ouvert, le mâle sur son coccyx. Tonte d’un bleu marine en voie de disparition. Ils l’appellent Alley, mais son prénom est Luis. Le regard fatigué de quelqu’un qui a déjà trop désherbé et trop envoyé. Elle dit qu’elle a un bon pécule, elle pleure quand elle en parle. Elle, la Marie que Dieu vient de vouloir appeler. Et il lui semble qu’il y a longtemps que cette douleur s’étend entre la gorge, pleine de sanglots contenus, et le cœur qui s’approche de la solitude. 

À cause d’elle, il a oublié les branlettes de morue, le tricot et les dominos, les voisins, les enfants, les petits-enfants. Que pouvait-elle désirer de plus de la vie que ce sourire qu’elle lui donnait depuis le lever du soleil jusqu’à ce que la lune soit cachée, appuyée sur leurs oreillers ? De lui, qu’elle n’a plus besoin de lever la tête, elle a une vie de mort devant elle. On dit que les morts ne parlent pas, mais de ma ferme, je peux le voir et je le vois gesticuler et, de sa bouche, le désespoir et le malheur doivent sortir et, qui sait, des chansons que Maria a chantées. Elle n’a plus l’impression d’être le ukulélé ou la scène, que la noirceur de son absence a criblée. Il ne sait pas écrire une lettre ou compter l’argent, mais il sait qu’il en a beaucoup, plus qu’il ne le voulait. Oh, si seulement vous pouviez lui acheter un billet pour sa venue ou pour votre propre départ.

  Le chapeau lui tombe dans les yeux, à dessein, que lui importe de voir les choses du monde si un monde de choses lui a été volé ? Il ne sait pas comment s’en passer. Il ne savait pas non plus comment mourir promptement. Et il attend, donnant des coups de cailloux et souriant d’un cri qui lui donne l’impression de le tenir. Le tour, c’est ce qu’il ne veut pas. La pitié des autres l’exaspère. Et analphabète, oui, mais fier, même quand il en parle. Elle, la Marie qui est morte.

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