ET TU ME GARDES EN TOI
... Comme si c’était un secret que tu m’aimes encore, que tu me veux, que tu rêves de moi, que tu te trompes, que tu mens, que tu rationalises et que tu me conduis à l’exposant de la folie, par l’acquiescement d’accepter que le pouvoir des autres te vainc, te conquiert, me tue, dans ton incohérence de me rêver. Rêve-moi, mais cache-moi comme je le fais avec toi, garde-moi dans le refrain de ta prochaine chanson, dans ta musique cachée, dans ta réalité obtuse, grise, excusable, violente, emmène-moi dans les rêves, où vous ne pouvez que me trouver là, mais ne m’appelez pas quand vous dormez avec l’autre. Fais-moi un petit trou violet où tu pourras me garder sans qu’ils se rendent compte que tu rêves encore de moi, que tu me désires encore, que tu m’aimes encore, et chante-moi doucement, toi qui n’aimes pas t’écouter, chante-moi en chœur, dans les accords apothéotiques du passé, de l’illusion, de ton manque de maîtrise sur ton cœur, pese-moi dans les entrailles de toutes tes passions, murmure-leur l’amour que tu as pour moi que tu m’aimes, dis-leur que tu les adores, mais fais-le en regardant dans les yeux ceux des miens qui t’aiment. Garde-moi en silence, rumine sur moi dans ta patience, enferme-moi dans des nuits blanches, et ne t’abandonne jamais, jamais, jamais à cet amour avec lequel tu luttes. C’est une lutte peu glorieuse, de ton esprit contre ton cœur, de la raison de l’émotion avec laquelle tu te souviens de moi, de leurs sortilèges qui ne fonctionnent plus, de l’obscurité des autres, de la violence des autres, des insultes des autres, travaille, travaille, esclave, travaille, oublie-moi, fais-moi taire, mets-moi en sourdine, pour que plus tard, seul, tu m’expires, comme le vin, nectar des dieux, que tu t’appropries les artifices avec lesquels les rêves et les cauchemars sont exterminés, Tue-moi aujourd’hui, tue-moi toujours, tue-moi encore, dans le mensonge de ta bouche, dans les profondeurs de tes yeux pleins d’amour avec lesquels tu me vois et me regardes sur la vieille photo que tu gardes, dans les doux souvenirs qui ne sortent pas de toi, de combien tu as rêvé de moi ces années, dans les nombreux rêves qui te peuplent, où j’ai toujours été et serai toujours, jusqu’à ce que tu sois poussière et rien sur terre qui te maintienne entier dans cet esclavage de m’oublier aujourd’hui pour demain non. Garde-moi dans la musique de ton cœur, cache-moi des ennemis et de tes illusions éternelles, fais de moi un bouc émissaire pour tes échecs de ne pas savoir, comme moi, comment m’oublier. Oublie-moi entre les nuits froides et les aubes, les aubes claires et les lendemains tronqués d’un avenir où tu veux m’éteindre. Écrivez-moi si vous le pouvez, mais gardez-moi toujours. Je serai à toi pour toujours, je serai à toi ici et dans l’autre, je serai à toi comme j’ai toujours été. Garde-moi une femme parmi les femmes. Et tais-moi. Je me tais.
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