Feuilles touchées par le vent
Papa, dis-moi pourquoi la nuit s’allonge, quand nous portons des rides, des courbures et de la fatigue, quand nous tissons des prières à l’aube de l’hiver, submergés par l’incertitude, nous serrons les poings et les yeux et, malgré le comptage des étoiles, des constellations, la grande ourse, c’est nous, Cassiopée nous montre des chemins, nous sentons, papa, que les jours se rétrécissent dans cette idée de fin et de coupe, S’ils coupent court aux salutations et aux conditions étudiées, répétant à l’envers la solidarité, les fondements structurels, l’humanité, les gestations, les obligations continues, continues, en restant éveillés en nous, s’il y a de la sagesse, les saisons, qui apportent des fleurs, des feuilles, des fruits et nous déracinent, sans choix, peu importe combien comprimé et raréfié, l’oxygène de la vie reste, Mais pourquoi alors, cette douleur à la poitrine ? Ne nous parlez pas de chance.
Papa, que faisons-nous quand nous sentons le temps venir, où le carrefour, pendant quelques secondes, arrête le diapason, et dans cet intervalle d’octave, où sont tout le monde, où sont les autres, où sont toi, que nous ne voyons pas le coup venir, le mur sombre, les cheveux blancs, la trompette du dernier transport ? À quoi notre pouls va-t-il s’arrêter, comme une secousse dans le train arrivant à la gare, le cœur, sans préméditation ni improvisation, sans filet, sans trapèzes, sans pré-avertissements, jusqu’où atteindra-t-il ? Et où couleront les gémissements pleins de peur du lendemain, obscurcissant les sens, les jugements de ce qui était ici et n’est plus ici ? Papa, du sein qui s’est ouvert, le principe de la mémoire disparaîtra, comme il l’a fait, là-bas, errant à l’intérieur du trou de l’histoire, que nous gardons dans le livre de la vie, dans le nuage, dans le caractère du vent, dans l’ami imaginaire, dans ce morceau de poussière de la mémoire, dans l’estuaire de la rivière, et si je sais que tu es avec moi, pourquoi nous sentons-nous seuls ? Papa, refuse-nous tout, enlève ce triste sentiment, d’abandon et ramène l’été, un chant d’automne, une mer agitée, réduis les piques et les sarcasmes des perdus et des retrouvés et apporte-nous le rire facile, la modalité des nouveaux départs, l’aube des rêves, parce que ce sont des cauchemars que nous vivons, qui vivent avec nous, disent-nous, est-ce par punition ou promotion ? Et où va l’espérance, papa, où est ton affection, que parce que nous sommes des enfants, nous ne voyons pas si souvent sur le visage de ceux qui prennent soin de nous, quelle insouciance t’a pris pour ne pas nous prévenir que nous sommes nés seuls et que nous sommes aussi laissés les mêmes ou est-ce tout illusoire, de cette réalité dont ils parlent si bien et qui n’est que banale, irréel?
Et que la vie peut être une mort différée, un présent empoisonné, auquel nous ne participons pas, et nous ne savons pas tout, origine, progrès, capitulation, rien, rien ! que les questions sont si nombreuses et que le temps oublie de grandir, et que la soif grandit avec la solitude et que nous n’avons qu’un banc de route, pour nous asseoir et penser que nous ne savons rien, que personne ne nous avertit de cette ingestion particulière, de cet espace où vit la douleur, quand tout mousse et puis tout s’accumule, Seuls les Goths restent dans la marée de nos rêves, des dégâts qui s’abattent sur nous, lorsque nous perdons les autres, des parents, des parents, où les douleurs sont gardées, où se cachent nos gardiens, et des blessures qui reviennent toujours à la fin d’une journée et eux seuls n’oublient jamais de revenir !Parce que les parents ne sont pas comme les vagues de la mer qui vont et viennent tous les sept, que chaque fois qu’ils partent, ils ne reviennent que pour hanter l’avenir, parce qu’ils ne sont jamais partis pour nous, et que l’espoir n’est qu’un pauvre mot usé, qui promet plus qu’il n’accomplit. Et il répète depuis le début, ce principe sans fin, colossal. Tant de forêts sombres, tant d’orphelinats volontaires.
Je sais, on ne peut pas demander plus, mais répondez-nous seulement une fois à celle-ci, où poussent les bras, les branches, les rames du navire, les liens, les racines dont nous prenons, interrompus par le froid dans le sang qui s’écoule dans l’humus, si tout est le black-out du jour, dans la nuit d’un corps qui a oublié l’aube ? Vous voyez, nous ne vous avons pas entendu répondre ! Il nous dit papa, de quoi est fait l’amour, quand il vient comme une croix, et à genoux, il nous réduit à une demi-douzaine de murmures, de souhaits, d’un présent dont il se fait le protagoniste absent, et nous laisse nous évanouir, d’abord il fait un geste de motivation pour combattre les torpilles et les nombreuses peurs et, arrivé à la plage, juste là, Dans le sable, parmi les rochers et les ombres ancestrales, mourons-nous ?
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